UN CAFÉ AVEC... Louis Lepioufle
- Katell Magazine
- 10 avr.
- 3 min de lecture

« Pour actionner la transition et basculer, il faut faire corps »
Louis est directeur général de la Coopérative Immobilière de Bretagne et ambassadeur breton du mouvement Impact France.
Qu’est-ce qui vous attiré à la Coopérative Immobilière de Bretagne ?
Tout d’abord le désir partagé avec mon épouse de revenir vivre en Bretagne. Et l’alignement des planètes : géographie, valeurs, secteur d’activité. C’était déjà une coopérative très engagée sur son territoire, dont la thématique de fond est la manière dont on façonne la ville. J’arrivais dans un domaine où j’étais naïf. Et j’aime beaucoup découvrir de nouveaux secteurs, de nouveaux modèles économiques.
Vous connaissiez le modèle coopératif ?
J’ai côtoyé le sujet de l’économie sociale et solidaire (ESS) en 2014, il avait fallu que je m’imprègne de la loi Hamon dans un temps court. J’y reviens dix ans plus tard. À la Coopérative Immobilière de Bretagne, à l’initiative du président, la gouvernance est particulière. La direction générale fonctionne en mode collégial. Cela nécessite beaucoup de temps humain mais c’est un enrichissement quotidien de faire les choses ensemble et de les faire avec une capacité redistributrice importante sur le territoire.
C’est-à-dire ?
Nous avons intégré la redistribution de richesse sur le territoire breton dans notre modèle économique. Nous l’avons fixée à 3 % de notre chiffre d’affaires. Nous finançons de la rénovation énergétique, de l’accession à la propriété et soutenons des initiatives d’intérêt général en lien avec le logement. L’intérêt de cette démarche c’est, par exemple, que même si nous ne faisons pas de bénéfices, ces actions solidaires ne sont pas remises en cause puisqu’elles sont intégrées à notre modèle.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le mouvement Impact France ?
Je trouvais important de porter la voix des dirigeants qui ont une vision de l’économie autre que capitalistique. Sur le territoire breton, il y a un écosystème de dirigeants et d’entreprises à l’initiative de solutions qui ont un impact social et environnemental fort. On les entend individuellement mais pas collectivement. Le message porté par l’ESS ou les entreprises solidaires d’utilité sociale (Esus) est intéressant mais pour actionner la transition et basculer, il faut faire corps.
En quoi consiste ce mouvement ?
Il rassemble les dirigeants qui ont cette philosophie de l’économie et veulent influer pour changer les règles du jeu. Changer la donne en termes de législation, faire parler de toutes ces entreprises qui font différemment, montrer que ce modèle est possible. Ce n’est pas du tout un réseau de business.
En quoi consiste votre rôle d’ambassadeur ?
Nous sommes deux sur la Bretagne. Je partage ce rôle avec Emmanuelle Périé-Bardout qui dirige Under the Pole, une entreprise d’exploration de fonds marins fragiles. Notre mission est de porter cette vision de l’économie auprès des décideurs bretons et des collectivités pour qu’ils valorisent les initiatives à impact positif sur le territoire dans leurs appels d’offres, qu’ils privilégient des pratiques vertueuses en termes de ressources humaines, de partage de la valeur et de localisation. Si on ne regarde que le prix, bien sûr on trouve toujours moins cher ailleurs. Plus globalement, le mouvement travaille sur différentes thématiques : les finances, le monde agroalimentaire, l’industrie, l’énergie.
Les entreprises costarmoricaines peuvent-elles se saisir de ces sujets ?
Impact France met à disposition, sur son site internet, un impact score. N’importe quel entrepreneur peut y soumettre son entreprise. Les collectivités peuvent aussi s’en saisir. C’est accessible gratuitement et apporte une notation sur 100. Ce qui permet à chacun de se situer sur certaines thématiques. Où j’en suis ? Quelles sont mes marges d’amélioration ? Les décideurs bretons peuvent aussi participer aux Journées de l’Économie de Demain que nous organisons chaque fin d’été.
Quelle est la durée de votre mission ?
Nous sommes élus pour deux ans et je trouve pertinent que d’autres nous succèdent pour apporter la vision d’un autre secteur d’activité, un autre message. Et que le flambeau soit repris par quelqu’un qui dispose déjà d’une aura dans le monde économique classique pour faire bouger les lignes rapidement.
Parcours
Originaire de Loudéac
Licence en Sciences Éco
avec année en Finlande
Master Sciences Politiques,
université de Genève
2012 - Assistant parlementaire
d’une députée puis auprès de la secrétaire d’état en charge du numérique.
2017 - Chargé des relations institutionnelles
et gestion de crise chez Deliveroo
2021 - CIB Chargé de mission auprès du PDG
2023 - CIB Directeur général délégué
2024 - CIB Directeur général
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