Implant Essure : l’alerte est lancée
Isabelle Ellis préside l’association Alerte contraceptions pour informer les femmes de la toxicité de l’implant de contraception Essure. Victime de ses effets secondaires, l’ex-infirmière en santé publique aujourd’hui thérapeute pour enfants, mène un combat depuis six ans pour révéler un scandale sanitaire qui concerne 240 000 françaises.
l y a seize ans, le gynécologue d’Isabelle lui propose un dispositif contraceptif innovant : l’implant Essure commercialisé par le laboratoire Bayer. L’implant est un petit ressort posé dans les trompes pour les obstruer et rendre la patiente stérile. Isabelle est implantée et va déclencher des douleurs physiques très handicapantes. « À 42 ans, je me sentais dans un corps d’octogénaire, je n’arrivais plus à marcher, je me déplaçais en fauteuil roulant ». Trois années plus tard, elle est hospitalisée laissant le corps médical dans une errance de diagnostic. En 2016, elle découvre que d’autres femmes implantées souffrent des mêmes symptômes : fatigue anormale, troubles neurologiques, troubles cardio-vasculaires, œdèmes. La seule solution pour sortir de cet enfer est de retirer l’implant. « L’explantation suit un protocole spécifique avec une seule alternative : l’ablation des trompes et de l’utérus ». L’implant retiré, elle peut de nouveau se déplacer sans fauteuil et revivre.
Tchernobyl dans le ventre
En 2017, le laboratoire arrête la commercialisation. En 2018, Isabelle crée son association pour alerter les femmes et démarrer une collecte de données scientifiques avec l’aide d’une biochimiste de Brest. Elles découvrent que l’objet en question est composé de 25 métaux différents. Au contact des tissus humains, des nanoparticules se détachent pour migrer dans le corps provoquant un ensemble de symptômes. « Cette chercheuse a confirmé la toxicité réelle d’Essure, elle nous a clairement dit que nous avions Tchernobyl dans le ventre ».
L’association Alerte contraceptions a pour vocation d’informer, d’accompagner à l’explantation et de constituer les dossiers juridiques des victimes. La prochaine étape sera la reconnaissance du préjudice avec indemnisation.
220 000 femmes à informer
« Nous préparons une stratégie avec des arguments biologiques irréfutables. L’association est un support juridique qui permettra d’aller un jour en justice ». Sur 240 000 femmes implantées en France, 38 000 ont été explantées et 202 000 femmes restent à informer. Le ressort était commercialisé dans seize pays dont la France, l’Angleterre et l’Espagne. « En 2021, 39 000 américaines ont intenté un procès contre Bayer. En Europe, des plaintes ont échoué car le lien de causalité n’a pas été établi de manière franche et directe ». Isabelle travaille également avec les associations RESIST (resist-france.org) et Victim DMI (victim-dmi.com). Alerte contraceptions diffuse aussi un message d’espoir : celui de développer une contraception de qualité, respectueuse du corps des femmes.
Marie Lambrinos
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